BXII – Que La Salade

“Que la salade” est le fruit d’un long travail collectif et d’un long cheminement pour chacun d’entre nous.
Tous les cinq avons au fil du temps adopté une alimentation vegan et fait notre le combat antispéciste aux côtés de tous les autres.

Le disque est articulé autour des questions qui ont trait à ce combat : intersectionnalité et convergence des luttes contre toutes les formes de domination ; nutrition et carences ; chasse; liens entre capitalisme et élevage industriel; dénonciation d’un élevage paysan prétendument respectueux des animaux, etc.

A mes ami.e.s qui se pensent “de gauche” ou “progressistes” et qui pourraient être interpellé.e.s par les propos tenus sur ce disque, j’aimerais dire avec Fahim Amir, auteur de “Révoltes animales” que “sur la question animale, la gauche est de droite”.

C’est un problème majeur car on ne saurait être considéré comme progressiste tant qu’on lutte contre une forme de domination en faisant l’impasse sur une ou plusieurs autres: une lutte du prolétariat qui remettrait à plus tard la lutte féministe n’aurait aucun intérêt, pas plus qu’une lutte antispéciste qui s’accomoderait de l’exploitation des humain.e.s, ou une lutte anticoloniale qui transigerait avec l’antisémitisme ou l’homophobie, ou une lutte féministe qui considérerait la question trans comme secondaire, ou un combat pour défendre les travailleurs français aux dépens des travailleurs étrangers, ou une lutte pour de meilleures conditions de vies qui oublierait le sort réservé aux réfugiés ici et partout ailleurs.

C’est important de mener tous ces combats, mais pour ma part à moins de tout tenir ensemble et de considérer qu’on avance sur une cause qu’à condition d’avancer sur toutes les autres simultanément, ça me semble tout sauf progressiste. A dire vrai, je suis profondément révolté par l’incapacité d’une bonne partie de mon camp, disons la gauche anticapitaliste, antisexiste, antifasciste, et décoloniale, à prendre au sérieux la question de nos rapports aux animaux et à s’engager dans un rapport de force conséquent pour les transformer en profondeur.

A chaque fois que je vois un.e ami.e de ce camp politique commander un steak sans sourciller, manger du fromage ou emmener ses enfants au zoo ou à la ferme, je me demande comment il est possible qu’il/elle passe à côté de cette question pourtant fondamentale et qu’il/elle continue, souvent sciemment, à apporter son soutien à un système productif qui entraîne la torture et le meurtre avec préméditation de 7,6 milliards d’animaux toutes les 48h. Autrement dit nous tuons toutes les 48h autant d’animaux qu’il y a d’humains sur Terre.

A chaque fois qu’on commence à me dire “viande bio”, “élevage en plein air”, ou “élevage paysan “, je me demande quels mensonges les gens sont prêts à se raconter à elleux-mêmes pour se masquer leur responsabilité dans le plus grand massacre ayant jamais eu lieu depuis l’apparition de l’espèce humaine. Un massacre toujours en cours.

Peu importent les conditions de vie des animaux dans les fermes paysannes: ils sont exploités, et tués. On ne tue pas sympathiquement. Fin de la discussion.

Alors, prenez vos responsabilités, assumez les conséquences de vos actes, remettez-vous en question ou pas, mais de grâce ne venez pas tenter de vous racheter à vos propres yeux en me disant que vous achetez de la viande bio ou que vous vous assurez que les animaux détenus dans les exploitations où vous vous procurez vos produits sont bien traités.

On n’est jamais bien traité lorsqu’on est exploité. On n’est jamais bien traité lorsqu’on est tué au tiers de son espérance de vie moyenne.
Allez raconter vos salades à d’autres, et goûtez la nôtre.